juillet 01, 2005

Une même Lumière nous guide

Ici tout est source de dévotion et de spiritualité, les temples multicolores fleurissent dans le vert tropical, les chants se mêlent au brouhaha de la faune exubérante , les cloches des églises embrassent le rythme des tablas. Bienvenue en INDE.
Les murs de la ville, comme les pages d'un livre de prières, sont couverts de versets de la Bible et de pensées de mystiques indiens.
Au pays de Gandhi, les affiches immenses de Jésus Christ super star côtoient le dieu Coca-Cola avec une apparente désinvolture, et pendant que Krishna flirt avec Pepsi, Ganesh trône en plein coeur d'un grand magasin à la mode, ces mélanges hasardeux et troublant se retrouvent jusque dans les rickshaws , où tout ce petit monde se voit familièrement collé les uns à côtés des autres comme autant de promesses de chances et bonne fortune. Il ne faut cependant pas se méprendre, sous l'apparente légèreté des choses se cache une foi réelle et sincère.



Longtemps depuis l'enfance elle avait vu la danse et compris le chant rituel qui transporte d'un souffle léger les danseuses du Temple, si souvent elle avait repris dans la solitude de sa chambre close à tout regard, la danse tant aimé, la danse dédiée au " tant aimé".
Exilée dans son paradis intérieur, sa dévotion pour le "tant aimé" était si profonde, qu'elle aurait put du jour venant à la nuit finissante, danser , danser... danser encore et toujours, bercée par le chant de son amant mystique.
Et le vert délicat de son regard enfantin embrassait l'horizon sans fin à la recherche du "tant aimé". Le bruissement des branches, le souffle du vent, le claquement de la vague clamaient sa présence, mais cependant le jour venait et la nuit finissait sans que jamais elle ne le voit.

Du temps passa, le jour et la nuit s'unirent en un temps unique, la beauté de sa danse et la pureté de son chant était d'une tel perfection qu'elle officiait seul dans le Temple, pour le plus grand plaisir des pèlerins réunis.
Mais le vert délicat de son regard embrassait toujours l'horizon sans fin à la recherche du "tant aimé". Et désormais c'était le bruissement de ses voiles, le souffle de son chant, le claquement de son pied sur le sol qui clamait la présence de son amant divin.

Du temps passa...

Par une nuit pourpre, à la lumière du rayon de Lune, à l'heure où tout dort encore , elle se rendit dans le Temple, sa présence si familière n'avait pas perturbé le sommeil des dieux bienveillants. Elle s'enveloppa de fines étoffes, ainsi préparée pour la danse, nourrit d' amour et de dévotion, elle entonna un nouveau chant , ce chant se répandit dans le temple comme une brise légère, un souffle de béatitude, ses voiles soyeux glissaient
sur les statues des dieux endormis, les clochettes de ses chevilles scintillaient dans la nuit comme autant d'étoiles dans la voie lactée. Un bruit distinct se fit alors entendre, un son long et lourd emplit soudain l'enceinte du temple. Le souffle coupé, elle arrêta sa danse un instant, tout semblait immobile. Bravant sa crainte, elle parcourut le temple. Le bruit se fit de nouveau entendre, à deux pas ... Eclairé par l'astre lunaire, une statue avait bougée de son socle, les yeux mi-clos, le sourire épanouis, il était là depuis toujours, invisible au regard du passant inattentif. Le visage voilé dans la soie précieuse, les mains chargées de fleurs, elle s'avança doucement.... Au petit matin lorsque le prête ouvrit les portes du temple, le jasmin odorant parfumait les lieux plus qu'à l'ordinaire, le sol était jonché de pétales roses et de fleurs d'hibiscus, le vent d'un souffle les dispersa...

Nul ne revit plus la danseuse, mais aujourd'hui encore une statue au yeux de jade sourit dans le temple....




Au coeur de notre maison, au centre, se trouve une toute petite pièce sans fenêtre, c'est notre temple, honoré de la représentation de nombreux Dieux , hormis le Dieu Hanuman et le Dieu Ganesh je n'en reconnais aucun, j'ai cependant dès les premiers jours pris la charge de ce temple, matin et soir j'en ouvre religieusement la porte.
Après une nuit de sommeil rien ne m'ai plus agréable que de descendre notre escalier , il fait à peine jour, le bruit des animaux est encore discret et c'est dans ce demi silence que j'entrouvre la porte de notre temple, un parfum concentré d'ambre et de musc s'en dégage invariablement, peu à peu le cri de la faune reprend le dessus, des cris exotiques se font entendre et me rappellent à l'ordre ... le jour est là , je ne sais combien de temps dure ma méditation matinale.... Je referme la porte, la nuit tombante je reviendrais.
Le jour finissant , bien avant que le soleil ne disparaisse complètement derrière la ligne d'horizon, il faudra de nouveau ouvrir la porte du temple, honorer une dernière foi, les dieux qui veillent immuables , dans une étonnante promiscuité. Le nombre des cadres est impressionnant, chacun à sa place, mais parmi les objets rituels, la lampe à huile trône au centre de l'hôtel. Le soir venant, je prépare la lampe, je dépose tout d'abord les mèches de coton au creux de la lampe, je les dispose selon la règle, puis je verse l'huile de sésame, j'allume enfin les deux mèches ensembles et à leur flamme j'allume deux bâtons d'encens que je d'un mouvement léger je fais danser dans la pièce pour mieux répandre leur parfum. Ce rituel accomplis la lampe brûlera un long moment encore, je laisse la porte ouverte, comme autant de porte ouverte qui mène à Dieu, car dans chaque contrées dans chaque pays quelque soit notre culture, là où un homme prie, la flamme de la bougie ou de la lampe illumine nos temples et nos maisons , et si nos n'avons pas le même Dieu, c'est la même lumière qui nous guide.